(…) Et c’est dans les décalages que nous subissions nos plus vertes années, dans des tensions mal équilibrées, héritées de pantins idéologiques, articulées entre des idées limites, nous toujours harassés de devoir ne pas nous souvenir, jugés sur notre capacité à ne pas juger, déposés dans le chamboul’tout de la triomphante vingtaine, à trôner en faux-rois sous les boniments de forains. Là dans les dépits hurlés contre nous, en attendant que soit faite place nette – mais nous dégagions pourtant les premiers – nous nous accommodâmes de la condition de seconds couteaux.
Aujourd’hui, faux-rôles au fourreau et sabots clairs, nous piaffons et piétinons toujours sur les restes de ceux que nous laissâmes sacrifier.
Mais quelle importance cela a-t-il, pour une génération qui n’est que dans ma tête, sans cesse centrifugée et qui me sourd par les oreilles ?
Aucune. Les peines, les joies, les doutes et la foi, cela n’a jamais eu de relief sous l’écrasement des mots qui les indexaient. J’étais déjà mon propre mème. Je tire dans ma tête pour quelques fioles de sang solaire. La parodie continue : j’en souris et c’est bien.
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[mr:;k] 2017.07